Chorégies d'Orange, 2010, l'heure des bilans

Millésime de tous les stress pour les organisateurs, 2010 est en contrepartie une bonne année sur le plan financier : la fréquentation de Tosca et, plus inattendue, celle du concert lyrique –ont permis de compenser le manque de spectateurs de Mireille.
Les Chorégies qui doivent s’autofinancer à 80%, année après année, pour assurer leur survie n’ont pas droit à l’erreur de programmation, ce qui leur laisse peu de liberté. Pourtant le risque de présenter Mireille, cet Opéra mal connu de Gounod, a été pris. Ce fût une réussite artistique, saluée par la critique mais boudée par le public : deux soirées et 4.000 spectateurs à chaque fois, soit 50% seulement des places vendues. Les deux représentations de Tosca se sont jouées à guichets fermés et la surprise vient du concert lyrique ( Nathalie Dessay, Juan-Diego Flores) qui a fait le plein.
35.890 spectateurs générant 3.443.150 euros de recettes de billetterie ont permis de monter le taux d’autofinancement à 81%.
Côté accumulation de difficultés, le directeur général des Chorégies, Raymond Duffaut, avoue « trouver plus facile de remplacer au pied levé un chef, un chanteur qu’un disjoncteur ». Au delà de la boutade qui concerne l’annulation de la répétition générale de Mireille et l’évacuation du théâtre pour panne générale d’électricité, on imagine les répercussions de cet « incident » s’il avait eu lieu le soir de la première de Tosca avec la retransmission télévisée en direct… Pauvre Mireille, la répétition précédente avait déjà été annulée pour cause d’orage… La première représentation qui a eu lieu avec si peu de préparation a été, un moment, perturbée par une averse et pourtant, ce fût une réussite! La seconde, elle, s’est enfin déroulée sans anicroches. Mais ce n’est pas tout : il a fallu remplacer, in extremis, le chef d’orchestre pour la répétition générale de Tosca et trouver un remplaçant à Fazil Say, pianiste du concert symphonique…
Gageons que 2011 sera une année d’un calme parfait ! Année consacrée à Verdi avec Aïda et Rigoletto, Aïda en co-production avec le festival de Massada en Israël : réalisation identique de Charles Roubaud et deux distributions différentes.
Le bilan est aussi artistique et pour un millésime où les jeunes chefs ont eu la part belle, on ne peut que saluer le talent de : Mikko Franck dans Tosca, Alain Altinoglu dans Mireille et Kwame Ryan dans le concert symphonique.

Anne Simonet-Avril, septembre 2010

En 2010, les Chorégies font des miracles


Robert Fortune, le metteur en scène
Rosalie Varda, la costumière
 et Raymond Duffaut, le directeur du festival,
entourés des  interprètes de Mireille

Quand les partitions volent, volent au vent et que les notes s’envolent, quand les averses d’été s’abattent et que la technique est mise à mal, restent les artistes qui font face et réussissent à nous enchanter envers et contre tout.
On se souviendra, lors du concert lyrique du 17 juillet, d’un Juan Diego Flores découvrant Orange dans les bourrasques et la poussière… Angoissé en tout début de récital, il fût merveilleux dans la deuxième partie et dans le duo de la « Fille du régiment » interprété avec Nathalie Dessay qui s’est battue contre le mistral pour sauver ses partitions, sans oublier de minauder et sans que ses vocalises ne s’en ressentent. « Voyons, écoutons et jugeons » chantait-elle : Eh bien bravo Madame! Vous avez su nous charmer au milieu des éléments déchaînés.
Après quarante ans d’absence à Orange, le Mireille de Gounod a débuté comme un authentique parcours du combattant : annulation des deux répétitions, évacuation du théâtre antique lors de la Générale, averse –heureusement passagère- lors de la première représentation, et pourtant, ce fût une belle Mireille avec un parti pris esthétique tout à fait réussi : le choix du costume arlésien épuré tel que Léo Lelée l’a peint, belle gamme de couleurs pour faire vibrer les farandoles, moires superbes pour les costumes de Mireille : le travail de la costumière, Rosalie Varda, était de toute beauté. La qualité des images projetées sur le mur du théâtre, évoquant la silhouette d’Arles, les carrières du Val d’enfer, dessinant les roseaux dans le vent… a su créer une atmosphère poétique, animée par belles variations de lumière pour suggérer le passage du temps et la vie de la nature. Quelques objets symboliques : un panier de vannier, quelques bottes d’osier, une charrette, suffisaient alors pour évoquer une Provence toute de légèreté avec quelques moments d’intensité poétique ou dramatique particulièrement réussis. La mort d’Ourrias, qui semblait interminable dans la version proposée par l’Opéra de Paris, est devenue ici, dans le frémissement de roseaux, le lever de lune et le sol devenu étonnamment mouvant un moment d’un rare beauté plastique et d’une grande intensité dramatique.
Il faut saluer la performance -elle est en scène presque sans interruption- de Nathalie Manfrino dans le rôle titre. Une seule réserve : elle est, peut-être, un peu trop lisse pour être cette flamme qui se consume depuis le début… Florian Laconi, était un parfait Vincent : l’amoureux rêvé. Le baryton, Frank Ferrari manquait un peu de puissance dans le rôle d’Ourrias. Etonnante Taven, Vincenette tout à fait juste…
Oui, c’était une belle Mireille, une aimable transposition du temps jadis, sans mièvrerie aucune : Mistral aurait aimé.

Anne Simonet-Avril, septembre 2010

Chorégies d'Orange, Tosca 2010


Nadine Duffaut, la metteur en scène,
entourée d'une partie des interprètes
 - dont Roberto Alagna à sa gauche -
et de l'équipe de réalisation.

C’est devant un immense tableau représentant la marquise Attavanti que se sont produit les 15 et 17 Juillet le ténor vedette Roberto Alagna (dans le rôle de Mario Cavaradossi) et deux nouveaux venus sur la scène orangeoise : La soprano américaine Catherine Naglestad dans le rôle titre de Tosca et le baryton basse allemand Falk Struckmann dans celui de l’ignoble Scarpia.
Au pupitre, le chef finlandais Mikko Franck, a su nous donner une version magistrale de l’œuvre de Puccini, en osmose totale avec un orchestre philharmonique de Radio France au meilleur de sa forme, faisant ressortir toutes les nuances de la partition.
Servie par une mise en scène élégante, où dominent le rouge et le noir, la soprano Catherine Naglestad, diplômée du conservatoire de San Francisco, lauréate du concours Maria Callas et invitée à se produire sur les plus grandes scènes lyriques, interprète avec une grande émotion son personnage de Tosca.
Son Vissi d’Arte, tout en nuance est d’une grande élégance.
Le baryton basse allemand Falk Struckman, qui s’est produit récemment à l’opéra Bastille dans le rôle de Wotan de la tétralogie de Wagner, campe un Scarpia terrifiant avec certes quelque faiblesse dans les aigus mais une grande puissance dans les graves et une présence hors du commun en tortionnaire bourreau.
Enfin pour sa douzième prestation aux Chorégies d’Orange, le ténor Français Roberto Alagna a su retrouver son incomparable prestance et une belle ligne de chant, qui en fait l’artiste lyrique français le plus attachant et le plus populaire.
Ainsi cette Tosca fera date et restera comme un grand moment d’émotion.

Christophe Mazel, août 2010

Fazil Say, Kwamé Ryan : un concert qui s'annonce brillant

Le concert symphonique donné le 6 août 2010 aux Chorégies d’Orange mettra à l’honneur Tchaïkovski avec le concerto n°1, pour piano et orchestre, en si bémol mineur et la symphonie n°6, en si mineur, dite “ Pathétique “. Elle sera dirigée par Kwamé Ryan, à la tête de l’orchestre Bordeaux-Aquitaine tandis que Fazil Say, au piano, en sera le soliste invité.
À quarante ans (il est né à Ankara en 1970) Fazil Say n’a rien perdu des élans irrépressibles de sa jeunesse ; au contraire, même, il semble plus débridé que jamais, mais avec cette sûreté de contrôle qui lui permet de passer d’un bouillonnant fortissimo à briser les marteaux sur les cordes au pianissimo le plus immatériel, d’un jeu cristallin aux attaques impitoyables, des traits rageurs aux mélodies aériennes. Et comme il joint le geste physique à l’expression musicale, il peut tendre une mains libre, sauter sur son tabouret ou donner à lire sur son visage toute la détresse du monde ou toute la joie.
On se dit, à le regarder, qu’il en fait trop mais, à l’écouter, même quand il dote un concerto de Beethoven d’une cadence de son cru, on n’a pas besoin de se demander s’il est juste : il l’est souverainement.
Consacré, dès 1998, par un enregistrement de sonates de Mozart, il avait frappé par un jeu acéré et vivant, nourri par la vitalité du pianiste de jazz qu’il a toujours été, sans interférences de style cependant sauf dans son adaptation du Rondo alla turca. Un disque Gershwin puis une transcription virtuose du Sacre du printemps, balisent bientôt un univers où prennent place ses propres compositions pour piano et orchestre et les sonates de Beethoven ou de Haydn. Quant au Concerto de Tchaïkovski, gravé en 2001, il le revisite régulièrement, sans doute parce qu’il peut y être tour à tour classique avec un jeu perlé et hyper romantique dans le vaste premier mouvement, tendre dans l’Andantino semplice et exubérant dans l’Allegro con fuoco final.
Mais dans un tel concerto (créé à Boston en 1875 par Hans von Bülow) où l’élément symphonique revêt une si grande importance, le chef d’orchestre est un partenaire essentiel. Fazil Say a besoin de trouver à qui parler et, précisément, Kwamé Ryan, directeur artistique et musical de l'Orchestre National Bordeaux Aquitaine depuis 2007, a mis à profit sa curiosité et sa remarquable capacité d’assimilation pour s’illustrer dans le répertoire lyrique du XXe siècle sur les plus grandes scènes. Quand on a dirigé, Nono, Britten, Pesson ou Eötvös, on n’aborde pas Tchaïkovski avec les mêmes oreilles qu’un chef de répertoire.
Car cette musique, qui suscite toujours autant d’enthousiasme que de haine passionnée, demande autant d’attention et de fraîcheur d’approche que celle de Mozart ou de Schumann. Mais surtout, on l’oublie, loin d’être engluée dans un romantisme obsolète, elle reste très actuelle, tant par son esthétique, qui continue de séduire, donc de parler, que par sa facture. Chostakovitch n'affirmait-il pas que l'audition d'une de ses oeuvres symphoniques était une leçon d'instrumentation ?
On a surtout accusé Tchaïkovski d'avoir échangé son âme russe contre l'académisme occidental en l'opposant à Borodine, aux fulgurances de Moussorgski ou à l'orientalisme Rimski-Korsakov sans se demander si cela avait un rapport direct avec la tradition slave. En réalité, l'affirmation de Tchaïkovski : « Je suis Russe, Russe, Russe jusqu'à la moelle des os ! » n'a jamais été démentie par ses compatriotes ; ce sont les étrangers qui en doutent.
Composée en 1893 et créée à Saint-Pétersbourg sous la direction de Tchaïkovski quelques jours avant sa fin prématurée, la Symphonie pathétique qui sera interprétée en seconde partie de concert ne saurait être réduite à son titre ou à quelque programme secret. André Lischke y a vu une « rétrospective autobiographique […] un requiem pour soi-même résultant d’une prémonition que le compositeur aurait eu de sa fin prochaine ». Mais c’est, plus généralement, à cette succession d’espoirs et de drames dont est tissée l’existence de tout être humain que la symphonie tire son inspiration et bouleverse l’auditeur sans qu’il sache précisément pourquoi. Peut-être simplement parce que la musique est belle, d’une beauté qu’on devine fragile et périssable, donc pathétique.

Gérard Condé, paru dans le n° 25 juillet-août 2010

Cavalleria Rusticana et Pagliacci, que du bonheur !

Le 1er et le 4 août derniers, les Chorégies d’Orange clôturaient leur édition 2009 par deux opéras donnés le même soir, avant de s’envoler vers Balbek, en Syrie, où une collaboration reportée en 2008 avec le festival de la ville, allait enfin être inaugurée avec une représentation de la Traviata.
Cette jolie expression populaire s’applique si bien aux représentations de Cavalleria rusticana de Mascagni et de Pagliacci de Leoncavallo, que je n’y résiste pas. Et pour tant de bonheur, il faut bien des réussites menées de front, tressées ensemble pour ce moment unique.

D’abord, une merveilleuse direction musicale de l’orchestre National de France par un Georges Prêtre, étonnamment jeune; puis une distribution idéale des rôles-titres avec la bouleversante Santuzza de Béatrice Uria-Monzon et l’extraordinaire baryton Coréen, Seng-Hyuon Ko dans le rôle d’Alfio : deux interprètes avec une présence scénique remarquable. La star Roberto Alagna habitait bien son rôle de Turridu, et, comme tout grand séducteur, cherchait et trouvait, parfois, la voie la plus facile… Mais on ne lui en voudra pas : il y a tant de plaisir à se laisser séduire.
La mise en scène utilisait bien tout le plateau, certes au prix de marches forcées pour Santuzza et avec quelques processions ecclésiastiques un peu kitsch en fond de scène, mais finalement cette évocation de la Sicile en noir et gris fonctionnait bien, avec des chœurs qui savaient bouger et occuper cet espace gigantesque.
Ce fût bien difficile de se reprendre, de faire abstraction de ses émotions, d’ oublier ce bonheur, en un mot de faire place nette, pour entrer dans Pagliacci. Est-ce une bonne idée de donner les deux opéras en une seule soirée ? Pas sûr…
En tout cas, ce fût étonnant de découvrir un espace presque intime, de voir se construire un petit cirque sous nos yeux exactement comme le font les circassiens avant chaque représentation. Le parti pris des costumes : couleurs acidulées et jupes en corolles des années cinquante pour des chœurs créant et défaisant un deuxième cercle autour de la piste était bienvenu. Toujours extraordinaire, le baryton coréen ( finalement la révélation de la soirée !) clown tout de noir vêtu ! Le duo Roberto Alagna, Inva Mula m’a paru moins bien accordé que celui du premier opéra et la voix du ténor parfois un peu métallique. Le drame pourtant court m’a cependant semblé avoir quelques longueurs… Ou était-ce la fatigue et la difficulté de se concentrer ? Il me reste néanmoins de belles images du désespoir d’un Alagna grimé en clown blanc.
Et puis j’ai flotté dans le bonheur cette nuit-là et tout le jour suivant ; ça chantait, tout seul, dans ma tête. Que du bonheur !

Anne Simonet-Avril, paru dans le numéro 20 septembre-octobre 2009.
De gauche à droite : Florian Laconi, Anne-Catherine Gillet, Raymond Duffaut, Inva Mulla, Georges Prêtre, Rosalie Varda, Roberto Alagna, Béatrice Uria-Monzon, Jean-Claude Auvray, Janine Reiss, Seng-Hyoun Ko.

La Mélodie et le Lied s'encrent à Gordes

Heureux Vaucluse ! Terre d’accueil des artistes le temps d’un concert, d’une classe, en vacances ou en résidence.

C’est le cas de Monic Cecconi-Botella qui après une carrière de professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris (Analyse Musicale) a choisi d’élire domicile à Gordes. Cette femme discrète n’en est pas moins une des rares compositrices françaises. Grand prix de Rome de composition musicale en 1966, c’est à l’issue des trois années passée à la Villa Médicis, à Rome, qu’elle prit ses fonctions en tant que professeur au Conservatoire.
Ses propres compositions comportent un nombre important d’œuvres de musique de chambre et de musique vocale, ainsi que des œuvres symphoniques et plusieurs opéras. Noctuaile, sur un livret de René David, obtient le Grand Prix de l’Académie du Disque français et du Film Musical en 1984. Radio-France lui commanda La Femme de l’Ogre, sur un livret de Pierrette Fleutiaux qui représenta la France au Prix Italia en 1989. A Tours, en 1991, elle crée Il signait…Vincent, opéra-passion sur la vie de Vincent Van Gogh... Et on peut encore attribuer à son catalogue plusieurs opéras pour et par les enfants, créés dans diverses régions de France.
De 1995 à 2001, elle fut conseiller artistique pour la ville d’Enghien-les-Bains et créa aussi L’Ensemble Orchestral Thème et Variations avec lequel elle assura de nombreux concerts en région parisienne.
Passionnée par le chant, c’est encore à Enghien qu’elle crée les rencontres sur la voix: A portée de voix.
Elle ne pouvait donc se passer de ce qui n’est pas un métier, mais une passion, un mode de pensée et un art de vivre tout à la foi.
Elle repart donc dans une autre aventure et crée à Gordes en 2008 EOL -Les Saisons de la Voix consacrées essentiellement à la Mélodie et au Lied dans un double but d’aider à la promotion des jeunes chanteurs et chanteuses et de faire mieux connaître ce répertoire au public.
Formes adaptées au salon, et donc très appréciées au début du XXe siècle, la Mélodie et le Lied furent peu à peu abandonnés au fur et à mesure que les salles de spectacles devinrent les nouveaux lieux d’écoute. Se sont pourtant deux genres probablement plus abordables que l’opéra parce que les morceaux sont courts, les paroles empruntées à des textes poétiques, la prononciation excellente et le nombre d’acteurs limité à une voix et un pianiste, plus rarement un ensemble instrumental. Si la Mélodie est née avec le romantisme, aux alentours des années 1840 en France, c’est au XVIe siècle, au minimum, que remonte le Lied, en Allemagne.
Les jeunes candidats souhaitant actuellement exercer leur talent dans cette discipline ne manquent pas. Les deux précédents concours organisés par les Saisons de la voix en novembre 2008 et 2009 en sont la preuve.
Les six lauréats retenus à chaque cession se sont vu offrir trois jours de formation avec Jeff Cohen à Gordes. Car Monic Cecconi-Botella attire dans son sillage les plus grands.
Professeur au Conservatoire de Paris, Jeff Cohen a été chef de chant à l’Opéra de la Monnaie à Bruxelles, professeur à l’Ecole d’Art Lyrique de l’Opéra de Paris, responsable musical au Théâtre du Châtelet et conseiller à la Bibliothèque Nationale de France pour une série de concerts sur la mélodie française.
Il a enregistré plusieurs disques : des mélodies de Duparc, Fauré, Hahn, Gounod, Loeffler avec François Le Roux ; des lieder de Mozart au pianoforte avec Véronique Dietschy ; des chansons de Kurt Weill et de cabaret avec Ute Lemper ; deux pianos avec Noël Lee; de la musique de chambre avec Carol Robinson, Pierre Lénert, François Daudin-Clavaud, les chansons de Boris Vian avec Luis Madureira, des fados au piano avec Luisa Cruz…
Il faut dire que cet américain d’une cinquantaine d’année fait partie de cette nouvelle génération capable de s’illustrer aussi bien dans des registres classiques que plus populaires, une manière de mettre le pied à l’étrier à toute une franche de public peu intéressé spontanément par le répertoire classique.
Il a aussi composé des musiques de scène et de films : Les Sentiments de Noémie Lvovsky, Consentement mutuel de Bernard Stora, Tombés du ciel de Philippe Lioret, Riens du tout de Cédric Klapisch, Qu’est-ce qu’on attend pour être heureux ? de Coline Serreau, Les Caprices de Marianne mis en scène par Lambert Wilson et Le Jour d’avant, après, une chorégraphie de Thierry Niang.
Il se consacre pourtant essentiellement à la formation de grand chanteur lyrique, tel Roberto Alagna ou de variété. Son talent de pédagogue, son sens du contact avec les jeunes, sa façon de les faire entrer dans l’intimité de l’œuvre et la compréhension du texte font de sa présence à Gordes durant trois jours, un évènement pour ces six jeunes lauréats du concours. Notons d’ailleurs que vous et moi pourront assister en auditeur et cela gratuitement à cette master class.
On les retrouvera tous le 16 juillet 2010 aux Terrasses de Gordes en compagnie de June Anderson, soprano, invitée des plus grandes scènes européennes et des Etats-Unis et qui fera à cette occasion escale dans le Luberon.

Olivia Gazzano, paru dans le n°23 mars-avril 2010.

Cavajazzn ça swingue à Viviers

SMAC, SMAC, l’acronyme est joli : il fait un bruit de baiser dans une BD.

Et ça leur va bien à l’équipe de Cavajazz, souvent un peu farceuse, ne se prenant pas au sérieux et faisant du bon, du très bon boulot, depuis des années. En 1994, ils étaient déjà connus comme « le seul club de jazz en milieu rural « !!! Les voilà 15 ans plus tard, installés dans le petit théâtre de Viviers restauré pour eux (beau lieu, bonne acoustique), à deux pas du Rhône, et devenus Scène de Musique Actuelle Contemporaine (Smac). Pour cela, ils ont mis en commun leur programmation et leurs projets avec deux autres structures Ardéchoises: la Presqu’ile d‘Annonay et l’Art scène à Payzac. Encore une invention du milieu rural : mutualiser ses moyens du nord au sud du département pour mieux s’inscrire dans un territoire et obtenir ce label d’Etat délivré par la Direction Régionale des Affaires Culturelles, label qui leur donne les moyens d’accueillir des musiciens en résidence et de pérenniser le festival lancé en juin 2009: Jazz sous les platanes.
L’homme qui a des racines ici, c’est Philippe Euvrad, musicien-président de Cavajazz, persuadé que la musique peut être un facteur de développement du territoire. Il suffit de penser à Jazz in Marciac pour être tout de suite d’accord avec lui. D’accord aussi pour se souvenir que le Jazz a irrigué toutes les musiques du vingtième siècle et qu’aujourd’hui toutes celles qui se réclament de lui, ont droit de cité à Cavajazz. C’est naturel, c’est aussi la pertinence du lieu que de s’affirmer généraliste : jazz et musiques du monde afin de gagner un public suffisant. Public qui fait confiance aux choix de l’équipe même quand il ne connaît pas toujours les artistes, public qui apprécie la convivialité des soirées et les jolis moments des « cup of jazz », les rendez-vous des dimanches en fin d’après-midi.

Un aperçu des prochains rendez-vous de 21 h
6 novembre : General elektiks, groove, soul et rock; le 14, Marion Rampal, une « demoiselle à épines » et des chansons sauvages, jazz-rock; le 20, Emile parisien quartet… et pour ouvrir l’année, le 8 janvier le Workshop de Lyon slogan qui va « déménager » avant le rendez-vous du 23 avec la douceur d’Alvaro Bello, le chilien qui crée des ponts entre jazz et musique populaire de son pays… Et un coup de coeur pour la Cup of jazz du 6 décembre à 17 h: un duo harpe et contrebasse pour un moment d’improvisation.

Pour consulter l’intégralité du programme et écouter quelques minutes de musique de chaque spectacle à venir: http://www.cavajazz.fr/