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Robert Fortune, le metteur en scène Rosalie Varda, la costumière et Raymond Duffaut, le directeur du festival, entourés des interprètes de Mireille |
Quand les partitions volent, volent au vent et que les notes s’envolent, quand les averses d’été s’abattent et que la technique est mise à mal, restent les artistes qui font face et réussissent à nous enchanter envers et contre tout.
On se souviendra, lors du concert lyrique du 17 juillet, d’un Juan Diego Flores découvrant Orange dans les bourrasques et la poussière… Angoissé en tout début de récital, il fût merveilleux dans la deuxième partie et dans le duo de la « Fille du régiment » interprété avec Nathalie Dessay qui s’est battue contre le mistral pour sauver ses partitions, sans oublier de minauder et sans que ses vocalises ne s’en ressentent. « Voyons, écoutons et jugeons » chantait-elle : Eh bien bravo Madame! Vous avez su nous charmer au milieu des éléments déchaînés.
Après quarante ans d’absence à Orange, le Mireille de Gounod a débuté comme un authentique parcours du combattant : annulation des deux répétitions, évacuation du théâtre antique lors de la Générale, averse –heureusement passagère- lors de la première représentation, et pourtant, ce fût une belle Mireille avec un parti pris esthétique tout à fait réussi : le choix du costume arlésien épuré tel que Léo Lelée l’a peint, belle gamme de couleurs pour faire vibrer les farandoles, moires superbes pour les costumes de Mireille : le travail de la costumière, Rosalie Varda, était de toute beauté. La qualité des images projetées sur le mur du théâtre, évoquant la silhouette d’Arles, les carrières du Val d’enfer, dessinant les roseaux dans le vent… a su créer une atmosphère poétique, animée par belles variations de lumière pour suggérer le passage du temps et la vie de la nature. Quelques objets symboliques : un panier de vannier, quelques bottes d’osier, une charrette, suffisaient alors pour évoquer une Provence toute de légèreté avec quelques moments d’intensité poétique ou dramatique particulièrement réussis. La mort d’Ourrias, qui semblait interminable dans la version proposée par l’Opéra de Paris, est devenue ici, dans le frémissement de roseaux, le lever de lune et le sol devenu étonnamment mouvant un moment d’un rare beauté plastique et d’une grande intensité dramatique.
Il faut saluer la performance -elle est en scène presque sans interruption- de Nathalie Manfrino dans le rôle titre. Une seule réserve : elle est, peut-être, un peu trop lisse pour être cette flamme qui se consume depuis le début… Florian Laconi, était un parfait Vincent : l’amoureux rêvé. Le baryton, Frank Ferrari manquait un peu de puissance dans le rôle d’Ourrias. Etonnante Taven, Vincenette tout à fait juste…
Oui, c’était une belle Mireille, une aimable transposition du temps jadis, sans mièvrerie aucune : Mistral aurait aimé.
Anne Simonet-Avril, septembre 2010
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